Baby Shambles: Shotter’s Nation
Le compte est bon. 2 albums pour les Libertines, 2 albums pour Baby Shambles. Que les premiers semblent loin. Au delà des casseroles qu’il traîne, Doherty est en train de poser un label, le label Pete. Difficile d’y échapper pour quiconque fréquente, au choix, les boutiques de mode, les quotidiens gratuits, voire parfois internet. Soit, mais finalement, où semble être l’intérêt de s’arrêter sur sa vie chaotique ? Pour moi, Doherty, c’est Time For Heroes ou Death On The Stairs. Point. Le reste, ça n’a que peu d’importance. Voir débarquer les Libertines – car il n’était pas seul, pourrions nous l’oublier – en 2002, c’est transpercer l’espace-temps, réponse anglaise aux Strokes pour les paresseux, potion magique pour jeunes poseurs flamboyants.
Down In Albion, c’est la bouée de sauvetage du troubadour, mais aussi sa bouteille jetée à la mer. Peut-il y arriver sans Carl Barât ? A priori oui, Killamangiro, Back From Dead ou les fabuleux Sticks and Stones et A’rebours donnent assez de confiance à l’assistance pour continuer l’aventure à ses côtés. A peine deux ans plus tard, composée d’une longue parenthèse très down et très shot, débarque en catimini, sans l’aide du parrain Mick Jones, Shotter’s Nation, album qu’on dit plus ambitieux et rigoureux. Peut-on accueillir pareil disque sans quelque crainte ? Delivery tourne en boucle depuis plus d’un mois. Voici un Pete Doherty tel qu’on ne l’attendait plus : nonchalant, frimeur, et surtout de retour aux affaires, empruntant encore et toujours tant aux Jam qu’aux Smiths. Au moins aussi bon qu’un titre des Libertines, la production (lisse) de Stephen Street en moins bien (ou en mieux, c’est selon). Le problème, c’est que passé ce titre, le très bon Carry On Up The Morning, on a cette affreuse sensation de voir du Pete au rabais, sur une bonne moitié de Shotter’s Nation. Alex Turner et ses singes rigolent bien dans leur coin. Bien sûr, on adore Side Of The Road, dans le même ton punk-rigolo qu’un Arbeit Macht Frei, on frissonne sur Lost Art Of Murder (s’il devait n’en rester qu’un…), le vieux titre There She Goes nous rappelle tant les La’s - le titre mais aussi le caractère éphémère de ces derniers – que les sessions Acousticalullaby de ces dernières années.
Le compte est bon. 2 albums pour les Libertines, 2 albums pour Baby Shambles. Pete n’a plus de compte à rendre à personne. Oserai-t-on encore aborder le sujet de la reformation de sa famille d’origine ? Allez, « A song is just a game, I’m getting good at cheating at » (You Talk) , Pete a passé l’âge fatidique d’une mort qui aurait tenu du mythique, assis sur son nuage dans son Arcadia imaginaire, il n’est pas mort. Loin de là. Et on s’en réjouis déjà.
Lost Art Of Murder (et hop j'me remets à écrire)