A LA BOURRE


Pour le rockeur qui conçoit mettre de côté son étroit futal et son perfecto, il y aura de quoi bronzer futé cet été en évitant le stupide et le gênant des musiques estivales (le gros mot) : Vampire Weekend sort son orchestre bancal de Brooklyn pour transformer les places publiques en gigantesques thé dansants façon Marie-Antoinette en bikini. Le décor est posé : mélangeant pop, new wave et musique africaine, des quatre diplômés de la fac de Columbia sortent un premier album éponyme à placer à côté de celui de leurs voisins MGMT. Tout aussi inclassable que ceux-ci, Vampire Weekend est emmené par son leader Ezra Koenig qui chante avec la même grâce qu’un Sujfan Stevens à qui on aurait donné l’électricité.

Homogène, leur premier essai compile donc des influences douteuses (The Police, pour le son dépouillé), sonne comme un Clash insouciant sorti de Londres, et se rapproche des Futureheads pour la brièveté des morceaux. Arty comme de parfaits étudiants new-yorkais, on pourrait leur reprocher leur légèreté. Toutefois, des titres tels que Walcott, M79 ou Cape Cod Kwassa Kwassa dérange les bien pensants : frais, volontairement naïfs et éclectiques, Vampire Weekend est l’antithèse parfaite des actuels Blacks-machins ou Black-choses. A l’image la pochette, on ne craint pas le lustre, le brillant et la lumière dans un monde sans coup de soleil. La chemise à fleur reste cependant prohibée, dieu merci. Le fluo n’est heureusement non plus pas abordé.

Petits chouchous des blogs, ils devraient permettre à leurs amis Dirty Projectors, Ra Ra Riot, Yacht ou autres Chairlift de se retrouver eux aussi au premier plan. Cinq ans après l’invasion ratée de Portland (fantasmée par Anton Newcombe et Courtney Tailor), on peut croire aujourd’hui à l’arrivée du navire Brooklyn, emmené cette fois-ci par MGMT, Yeasayer et Vampire Weekend justement. Il faudra toutefois passer avant tout le test du live : les frétillants blancs de la Côte Est passeront le lundi 4 juillet au Montreux-Jazz (première partie des Raconteurs) pour créer la bonne surprise du festival. La question est : trouveront-il les lampes rococo du Palace à leur goût ?

(Article paru sur le site de Lords Of Rock)



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