MIDNIGHT SURPRISE n°3

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Les chats sont des guerriers de la nuit. On m’avait prévenu.

Partant de ce constat, il est évident que de telles batailles doivent trouver leur place entre gouttières et buissons. Des endroits où l’on ne les voit pas. Des sortes de Hells Angels en miniature. Car eux aussi peuvent te réveiller la nuit, tout effrayé. Dès lors, que dire d’un éventuel Pouvoir des chats ? Anton Newcombe serait-il dans le coup ? Un Committee to Keep Music Evil pour les matous ? Après tout, leur rôle est aussi peu usurpé qu’une victoire des Italiens à la 93ème minute. Le Pouvoir des chats ? Pourquoi un tel patronyme ? Il se trouve que Chan Marshall est la dame responsable d’une telle paranoïa eurocentriste. Les Américains ont toujours raisons, dit-on. Si j’avais pu lui demander, l’autre soir, ce qu’il en était… Elle m’aurait fait un joli sourire et j’aurai compris qu’en l’occurrence, le chat, c’est elle et rien de plus. Et que pour ma gouverne, c’est le Pouvoir du chat. Et j’aurai compris que, depuis qu’elle est entourée de membres de Dirty Three et du Jon Spencer Blues Explosion, elle ne boude plus seule sur scène, une époque où elle se demandait ce qu’en penserait la communauté tout en déprimant parce que la bouteille est vide. 

Aujourd’hui, elle écrit pour Bobby, ce cher Dylan, pour le grand Cassius avant qu’il ne se retrouve Ali, et la tisane l’attend sans vice sur le bord de la scène. J’y étais et j’ai pas payé. C’était au milieu des champs, dans ce lieu si cher à certains de mes collègues rédacteurs, le Bad Bonn. Je ne regarderai plus jamais mon chat de la même manière. Elle n’est pas mienne, mais elle m’a mis à genoux. Et tout a changé de saveur. Au-delà d’une prestation certes lisse et sans danger, c’était sa perfection et son magnétisme qui a fait me prostrer. Elle est trentenaire, elle a des manières de dame distinguée. Elle veut se marier avec son Bobby et en créerait le désespoir des desperados. 

Pour s’amuser, on se demande si l’on pourrait être un helvète du désert. Histoire d’avoir une chance. Howe Gelb, pistolero d’Arizona, nous répondrait Sure, dude ! S’arrêtant à la Guinguette avec ses Giant Sand le temps d’une soirée, on pouvait remercier les cieux de voir tant de classe. Et évidemment, on en prendrait de la graine. C’est décidé: soyez réalistes, demandez l’impossible, comme l’aurait clamé un Cohn-Bendit en goguette. Du coup, les Black Kids, Glasvegas et Napoleon IIIrd ont de quoi bûcher cet été. Heureusement, les Dandy Warhols reviennent avec un nouvel album. Le titre ? Earth To The Dandy Warhols… Encore des cow-boys - cette fois de Portland. A l’impossible, je vous invite à prendre le train et à pointer votre boussole direction Grand Ouest, où vous voulez. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. 

(Chronique parue dans la Gazette de l'Orgeat, numéro 3)

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