THE HORRORS, PRIMARY COLOURS

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Evoquer le spectre et écueil de la new-wave est barbant, ne pas le faire relève d’un manque de perspective ou de la paresse. Dans cette optique, s’exprimer sur le second album des Horrors est à double tranchant. PRIMARY COLOURS : le plus bel hommage qu’on puisse faire tant à Joy Division qu’Echo and The Bunnymen, ou simple pitrerie sans cœur ni âme d’un groupe de notre décennie escargot ?

Pour expliciter le propos, prenons le morceau « Scarlet Fields » avec sa basse et ses chœurs calqués sur « Love Will Tear Us Appart » écrit par Ian Curtis. Prenons de même l’épilogue « Sea Within A Sea » et cette structure piquée à « No Love Lost » du même auteur. Fatalement référencé. Oui, mais pour le plaidoyer, ce titre – déjà en ligne depuis plus d’un mois sur leur site – fera remuer Londres et son efficace réseau. Faux single, pas loin de la dizaine de minutes, clôturant l’album, avec sa boucle, attention, électro, il est de la trempe de ces morceaux à un adjectif souvent usurpé, rarement légitime : jouissif.

Dès lors, il est évident qu’on partait en terrain conquis. Il ne faut non plus pas oublier qu’il s’agit plus que tout d’une belle surprise pour un groupe sous-estimé par la critique et (ou plutôt car) injustement idolâtré par la peuplace Emo – physionomie gothique oblige… Sûr que cette dernière va rejeter en bloc ce PRIMARY COLOURS promis à un mémorable succès. Mais celui-ci n’est pas venu en restant les bras croisés. La présence de Geoff Barrow, « sorcier » de Portishead aura été un joli défi brillamment relevé par le groupe londonien. Et, facile, à dire, mais un type comme Barrow ne pouvait pas tellement s’impliquer dans un projet sans qu’il soit réussi.

S’exprimer sur la métamorphose d’un groupe – car, oui, c’est en une pour The Horrors – c’est soulever un deuxième écueil également pour tout critique : l’album KID A de Radiohead. Tout mettre à plat, en gardant la patte singulière du groupe et être respecté des siens. Glisser PRIMARY COLOURS sur sa platine et entendre « Mirror’s Image » en ouverture rappelle bien cet album-étalon, avec une nappe electronica. Certes, cette entrée en matière ne s’éternise pas et casse en brusque climat shoegaze, mais elle est révélatrice de l’évolution certaine des Londoniens, passant d’un garage gothique inégale à une œuvre new-wave et psyché presque entièrement maîtrisée.

Ce LP est honnête, galvanisateur et garde une certaine stylisation propre au quartet. Faris Rotten, l’homme chantant du groupe, était l’homme le plus cool d’Angleterre il y a quelques années. Preuve d’intégrisme, il a bien retenu cette leçon d’humilité des précepteurs du genre en donnant une ambition artistique à ses Horrors.

CHRONIQUE PARUE SUR LORDSOFROCK.NET