CYMBALS EAT GUITARS.

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Quel drôle de nom de groupe au chevêt d’un rock tortueux comme il le faut : Cymbals Eat Guitars, rien que cela. Y goûter, c’est tout y comprendre et son contraire, d’autant plus que le titre pourrait lui aussi étonner : WHY THERE ARE MOUNTAINS. Eh bien soit. Toutefois, s’attarder sur ces affaires administratives serait manquer l’essentiel : du Pavement en boîte pour pas cher, et mieux encore. Pour sûr que si Bradford Cox devait se choisir ses fidèles apôtres, il opterait pour ces quatre petits gars de Staten Island, New York.

Si vous aimez partir pied au plancher avec un album, ceci est pour vous : And the Hazy Sea et sa saturation latente, les cœurs de ces New-Yorkais prêts à exploser, la Fender en croix, l’étendard indé fièrement porté bien haut. Rien à redire sur Some Trees, très référencé 90’s d’accord mais permettant de faire le lien avec ses successeurs et impeccables Indiana – hallo, Flaming Lips ? - et, surtout, Cold Spring. Cuivres en avant pour une bien belle ballade, pas très éloignées des Smiths par moment (la guitare de Johnny Marr), avant de se rebiffer, histoire de brouiller les pistes. Cymbals Eat Guitars entrevoit les cimes avec l’épique Share, avec ses envolées à la trompette à faire palire les Dandy Warhols période THIRTEEN OF URBAN BOHEMIAN. Le tout plié en 7 minutes qui n’en paraissent qu’une seule.

On ne feint pas non plus notre plaisir sur le très Deerhunter What Dogs See, taciturne au possible mais merveilleux avant de se prendre une belle embardée dans les oreilles avec l’extatique Wind Phoenix, où aucune corde n’est pas épargnée, et surtout pas du bien nommé Joseph Ferocious. Il faut aussi entendre ce tube indé, The Living North, avec son riff stupéfiant, où l’on y applique à la perfection la fameuse méthode Pixies du contrasté (couplet en son clair, refrain violent au son distordu) pour croire que Cymbals Eat Guitars sera capable du meilleur une fois ses influences totalement maîtrisées.

WHY THERE ARE MOUNTAINS se termine sur Like Blood Does, à en chialer dans sa bière si le groupe ne venait pas au Romandie de Lausanne (le 11 février prochain) pour nous convier à sa messe. Sineux au possible mais surtout somptueux. Ou comment ponctuer un 9 titres riche en promesse. Car franchement, ça respire ici tant le grand air que la hargne de la jeunesse, un croisement attirant, on l’a dit, entre Pavement et Flaming Lips, sans forcément devoir hausser les épaules devant un essai nostalgique. 6 mois avant la sortie d’album, Pitchfork faisait monter la sauce. De son côté, le New York Times titrait très sérieusement : « Brooklyn, Brooklyn, Brooklyn. Let’s give some respect to Staten Island, home of Cymbals Eat Guitars ». Bien que pêchant parfois par sa prévisibilité, cet album est suffisamment personnel pour éviter de tomber dans le panneau. En voilà un bien bel objet, à la pochette adorable qui plus est. On repart pour un tour ?

ARTICLE PARU SUR LE SITE DE LORDS OF ROCK. NET