I AM KLOOT

L’intitulé de l’album promo stipule en son dos : « toutes les différentes chose que j’aime chez I Am Kloot ont été réunies sur cet album. Quand j’entends John Bramwell chanter ”Everything you’ve ever wanted has come true”, je ne pourrai pas mieux décrire ma sensation ». Signé Frank Cottrell Boyce, scénariste et écrivain liverpuldien, notamment auteur de 24 Hour Party People ou encore Welcome To Sarajevo, et il sait de quoi il parle : I Am Kloot fait partie des merveilles cachées, actif depuis plus de dix ans, auteur d’une pop splendide, suffocante, entre Wilco et Elbow. Mieux même : avec ce SKY AT NIGHT, le trio pourrait bien en tout cas égaler ces deux références absolues. Ce cinquième album est en effet proche du chef d’œuvre. Plus lumineux, plus aéré que ses prédécesseurs, il place les Mancuniens sur les rails d’une belle concrétisation des espoirs placés en eux après leurs premiers faits d’armes (”From your Favourite Sky” notamment, titre épique). Il a été d’ailleurs produit par deux membres d’Elbow (Craig Potter et Guy Garvey), plus enthousiastes que jaloux devant le talent du groupe, ayant déjà travaillé sur le premier essai d’I Am Kloot – NATURAL HISTORY. Car Boyce a raison : en dix titres, I Am Kloot a su varier ses multiples possibilités musicales, avec classe et sans emphase, toujours très britannique. Où l’on croirait entendre une B Side des Beatles sur ”Radiation”. Où l’on imagine le routier aux anges sur l’ouverture, le très Springsteen ”Northern Skies”. Où l’on se retrouve scotché sur un siège de cinéma avec en bande son le royal ”To The Brink”, relique d’une époque révolue. Le plus beau titre entendu cette année ? ”Fingerprint” montre un groupe plus grave, avec ces coups de tonnerre le disputant à la voix profonde, appropriée de Bramwell. Le groupe se sentirait presque à l’aise à la Motown avec ”Lately”, enjoué, presque crooner. Malheur aux suiveurs d’un I Am Kloot mélancolique : le soleil est entré dans les pièces pour ne plus quitter le groupe, même si ”I Still Do” comporte toujours son lot de grisaille. « May I illuminate the atmospheres » introduit Bramwell sur l’accoustique ”The Moon Is a Blind Eye”, tout en échos. Splendide, mais un ton en-dessous de certaines autre compositions fous-les-jetons. Alors, forcément, on pense aux New-Yorkais de The National qui ont eux aussi livré un album remarquable. On pense à Elbow dans cette luxuriance des arrangements des instruments classiques, mais aussi à la grande tradition anglaise. Une sorte de quasi perfection que certains aiment trop toucher du bout des doigts pour véritablement prendre de la distance sur sa propre musique et en ressortir une ode à la belle pop, légère ce qu’il faut mais pas conne. C’est juré : ce SKY AT NIGHT trônera bien en évidence dans notre discothèque idéale de ce début de décennie. « Same shoes » comme le chante Bramwell : belle continuité chez ce groupe de Manchester. On resigne pour le sixième album les yeux fermés.