Depuis le temps qu'on était déçu par ces soirées au Paléo Festival, annoncer coup sur coup Arctic Monkeys et Arcade Fire, les deux groupes majeurs de cette année foireuse, rajoutait une couche à notre schizophrénie. Finalement, manquer ceux-ci accompagnés de !!!, de Clap Your Hands Say Yeah, de Midlake, de Solange la Frange et surtout du grand retour des Mondrians aurait relevé de la pure inconscience. Et ce n'est pas la présence des affreux bobos/jojos/etc de Naast qui allait plomber la double soirée.
3 mois et demi sans avoir vu un seul concert des Mondrians. Le temps de s'acoquiner avec les géniaux Awkwards et les garants de la jovialité Solange la Frange, de découvrir la nouvelle english queen, Amy Winehouse, de se faire détruire par les futés Beastie Boys au Jazz, de se faire tétaniser par Blonde Redhead au Kilbi, de surfer sur la hype Justice. Pas vraiment de quoi s'embêter donc. Soit. Mais 3 mois et demi sans Mondrians en Suisse, ça provoque une attente à la hauteur du dernier show explosif aperçu au Bout du Monde de Vevey.
Bref, de quoi se rouler par terre. Sauf qu'à Paléo, il a plu, et moi le style boueux ça me va pas trop... 500, 1'000 personnes au Club Tent, 10, 50 photographes ou professionnels intéressés pour voir "la révélation rock suisse de l'année" (sic)? L'heure est plus à la pause thé qu'à un retournement rock'n'roll. Merde au train train quotidien. Morts aux cons. Les Mondrians ont encore franchi un palier; quelle assurance! Quels nouveaux effets! Quels prestance d'Alric associé au TOC de Louis! Et Cédric sur sa batterie déstabilisée! Et Maxime et sa sobriété affichée sur scène! Merde aux pompiers!
la set-list ne change pas tellement, si ce n'est l'éviction de la pépite Chimney Piece (pour mieux apparaître sur le futur album?) et le trop pop And She Says. Pas le temps de préter attention aux réactions nombreuses du public; I'm Not Like Everybody Else sera la chanson la plus acclamée.
Après le Volkshaus de Zürich, voici la deuxième date la plus importante des Mondrians en Suisse; bien négociée. Comme le disait Michelin, les plus belles performances sont celles qui durent. Les Mondrians décollent. Mais cela on le savait depuis lontemps. La suite n'est que plus réjouissante. A quand un concert de nouveau à 10 personnes? Peut-être ce samedi à Leysin?
Le même soir au Paléo, on pouvait s'amuser les pieds dans la boue sur la sono pourrie offerte à Solange la Frange. Conditions difficile pour un auditeur oscillant entre somnolence (fichu travail) et dance frénétique. Ce groupe a eu montré de meilleurs choses; leur live au Pully For Noise n'en est que plus attendu. On a tout de même pu vérifier la présence d'un fan base très fournit, recoupant de nombreux groupes de la région (Vevey Rock City, bienvenue à une scène 100% helvétique? Invention de connards de journalistes? Suis-je à lyncher?).
Tout ce bon monde s'est retrouvé loin de la scène pour les hédonistes !!! (pas grave, on les verra au For Noise eux-aussi), mais surtout pour les petites frappes géniales de Sheffield, les Arctic Monkeys, qui avaient quelque peu déçu à St-Gall. Première moitié de concert sans grandes surprises: Brianstorm, I Bet You Look Good On The Dancefloor, The View From The Afternoon, Dancing Shoes, Teddy Picker, Balaclava, etc. Les morceaux s'enchaînent. Difficile de se faire une idée précise sur le soi-disant ras-le-bol d'Alex Turner. Difficile aussi de trouver matière à redire sur la qualité de l'exécution. Manquerait-il de l'émotion? Les 4 semblent-ils froids? Il ne communiquent pas avec le public? Ah bon, parce que Björk en a-t-elle dit beaucoup plus que "Merci bien"? Non mais, Arctic Monkeys est heureusement plus shoegazers que U2 ou Coldplay sur scène. L'émotion vient du coeur, de l'attente que l'on avait. A vous de vous créer votre monde imaginaire. Moi j'ai aimé, j'ai trouvé impressionnant. Et merde aux pisse-froids. Vous me trouvez médisant? Soit. Mais la deuxième partie ne peut me contredire: 505, Do Me A Favour, When The Sun Goes Down, A Certain Romance; des titres plus lents, magnifiques, figeant la public musien dans une sorte du stupeur. Ouf, pas vraiment de triomphe pour Arctic Monkeys. Trop anglais pour faire l'unanimité. La preuve: l'énorme single annoncé, Fluorescent Adolescent, n'émeut pas plus que cela. Médisant vous disiez?
Et que dire de Arcade Fire sur la grande scène le lendemain? J'avais annoncé une pluie de larmes. Et le grand frisson, sans les pogos, sans la transpiration, sans les lightshows. Arcade Fire a la classe. Le meilleur groupe du monde. David Bowie comme président de leur fans club, ça vous situe le truc. Une sélection libre de titres du léger et tragique Funeral et du plus dense Neon Bible pour une foule attentiste (enfin!). Un foule qui reprend en choeur Haiti et Rebellion (Lies) notamment; des instruments 5x plus nombreux que le groupe lui-même, c'est dire... Bref, mon concert de l'année, pour l'émotion, pour les détails, pour ce moment absolu d'éternité, qui ne produit que trop peu. Oubliez Radiohead, oubliez ceux que vous voulez. Le meilleur groupe du monde je vous dis, et cela n'est non plus pas nouveau... Médisant vous disiez?
You Know I'm No Good