Typique le genre de film à t’en mettre plein la vue. Premier effet : Whouah, ça change des live vus sur internet. Image énorme. Un choc. Allez, pour voir, j’ai jeté un coup d’œil sur ce qu’on en dit.
« Martin Scorsese réalise son rêve de toujours : filmer les Rolling Stones, le groupe qui incarne le rock'n'roll à lui tout seul. Le gang qui a escorté toute son oeuvre. Cette rencontre cinématographique donne naissance au film musical événement : Shine a Light. De la préparation à la performance, entrecoupé d'images backstage et d'archives, 16 caméras et les plus grands chefs opérateurs internationaux captent l'énergie légendaire de Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood lors de leurs concerts au Beacon Theatre à New York. Shine a Light : dans l'intimité d'un groupe mythique et du plus rock'n'roll des cinéastes ! ».
Donc voilà le problème : le groupe qui incarne le rock'n'roll à lui tout seul, moi j’en tire un constat : il est mort. Les Rolling Stones sont morts, depuis leur tube disco Miss You. Faut pas aller chercher plus loin. Terminus pour tout le monde. Chez les puristes, on dit même que l’âme du groupe s’est échappée avec la montée aux cieux de Brian Jones, leader originel. Aujourd’hui, quand on me dit vieux rock’n’roll, puisque c’est de ceci que l’on parle, je pense à Elvis, ou ses acolytes. Aujourd’hui, quand on me dit rock’n’roll actuel, je pense Kills, Black Keys, White Stripes (tient que des duos), mais alors vraiment pas Rolling Stones. Quand on me dit Rolling Stones aujourd’hui, je pense ce que j’ai exactement vu durant 2 heures et 2 minutes interminables assis dans mon siège de cinéma : chiant, vain et surtout stéréotypé.
Le Parisien : « Assister à un show impeccable des Stones reste un spectacle unique (...) mais là, on se retrouve le plus souvent à attendre avidement les parenthèses entre les morceaux ».
Télérama, plus incisif : « Même le fan admettra qu'ils [les Rolling Stones] sont leur propre musée Grévin depuis des lustres. Paparazzo de luxe, Martin Scorsese semble ici le découvrir. D'où un film assez masochiste ».
Mis à part ces quelques critiques, peu de quoi trouver des contradicteurs. Eh les gars, vous avez perdu votre plume tranchante ? C’est quoi le problème avec les Rolling Stones ? Ya donc rien à redire ? C’est facile de cracher sur des groupes juvéniles, encore faut-il garder un minimum d’esprit critique face aux institutions. Personne n’a donc vu l’ambiance clip MTV voir Top of the pops du film ? Voyons, un peu de discernement : premiers rangs faits de blondasses bon public et de cadres d’entreprises. On m’a dit que c’était un concert caritatif. Mouais, si tu fais ça, ben tu le filmes pas, et tu le sors encore moins au cinéma. Pis pour finir, tu colles pas l’étiquette groupe mythique et rock’n’roll sur l’affiche. Tu vois, même pour 11 balles, voir les Rolling Stones m’a fait mal. Et pas qu’à moi, à voir le public new yorkais du balcon avec les bras croisés, public qui sans doute se sentait un peu seuls dans l’ambiance « électrique » de la salle. Pour le bruit, la sueur et la fureur, on ne vous fait pas un film.
Le meilleur moment ? Buddy Guy qui enterre le vieux singe Mick Jagger d’une voie sortie d’outre tombe. Christina Aguilera qui me permet enfin de voir ses fesses. Quelle bombe quand même. Là c’était la séquence émotion du film. Allez, je démords pas. Mais soyons objectifs : Keith Richards en solo acoustique, c’est épique. Ce gars est la dernière crédibilité du groupe. Il est magnétique, il est drôle et humble. Il me fait marrer et il semble rire de lui-même, de ce cirque qu’est devenu son groupe. Rolling Stones rock’n’roll circus comme le film à l’époque. Sauf que là, au final, eh bien il est moins drôle et il est surdaté et fade. Et ce n’est pas les extraits de docus d’époques qui changeront la donne…
(Chronique parue lors de l'émission Cigarettes and Alcohol)
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